
Depuis de nombreuses années, les institutions universitaires pâtissent d’un sous-financement institutionnel, imputable à la FWB autant qu’au pouvoir fédéral, qui est préjudiciable à la qualité de l’enseignement et de la recherche1. Les mesures envisagées par le gouvernement Arizona aggravent cette situation en dégradant désormais le statut des différents personnels universitaires. Pour l’université, c’est la possibilité de continuer à assurer sa mission de service public qui est aujourd’hui remise en question. Nos revendications portent sur les réformes envisagées par le gouvernement actuel, mais entendent plus largement défendre la fonction publique.
Défense des services publics
Il est attendu des services publics « qu’ils soient rendus avec le souci de la plus grande qualité et une totale impartialité : jugements, évaluations scolaires, soins, etc. Pour que ces conditions soient remplies, on a accordé aux agents des services publics les conditions d’une activité professionnelle indépendante, soustraite à certaines pressions : un statut qui protège du licenciement abusif et une rémunération suffisante, pensée à l’échelle de la vie, gage d’intégrité2. » Dans le cas de l’université publique, les évolutions proposées du mode de calcul des pensions suivant les réformes envisagées auraient un impact très important sur celles-ci (10 à 40%) et cela pour tous les corps de l’université (personnels administratif, technique et ouvrier, académique et scientifique). De manière générale, il s’agit ainsi d’une remise en cause brutale, non concertée et significative du contrat entre l’État et ses fonctionnaires.
La demande du mouvement est le maintien d’un statut de fonctionnaire attractif et surtout sécurisant via :
- le retrait de l’avant-projet de loi de réforme des pensions et en particulier :
- l’abandon des différentes modifications du calcul des pensions
- l’abandon des mécanismes visant à transférer le coût des pensions du fédéral à d’autres entités (la FWB et directement l’université)
- le maintien de la pension des fonctionnaires assurée par le seul « premier pilier »
Défense de l’enseignement
Une des missions principales de l’université (et plus généralement de l’enseignement supérieur) est d’offrir un enseignement de qualité, diversifié et accessible. Le principe dit de l’« enveloppe fermée » en FWB a contribué depuis des années à une mise en concurrence entre établissements, qui provoque un dé-financement structurel.
La demande du mouvement est l’assurance de la continuité des conditions d’exercice d’un enseignement de qualité à destination de tous et toutes via :
- la fin du financement de l’enseignement supérieur en enveloppe fermée
- un engagement sur la stabilité du minerval pour les étudiant·es, y compris pour les étudiant·es Hors Union Européenne déjà soumis·es à des conditions d’accès pénalisantes et qui ne peuvent pas porter la charge du définancement public de nos universités
- des mesures concrètes contre la précarisation des conditions de vie étudiante3, qui ne serait qu’amplifiée par une augmentation, que nous refusons, du nombre d’heures qu’un·e étudiant·e peut prester sous le statut de travail étudiant.
Défense de la recherche
L’université a pour mission de réaliser une recherche d’excellence au niveau international qui soit éthique et indépendante de pressions économiques et politiques. Pour cela, des moyens financiers lui permettant d’assurer son indépendance sont requis. Le régime d’exonération du précompte chercheur représente environ 7 % des recettes structurelles des universités : il est indispensable au financement des ressources humaines et matérielles des projets de recherche. En outre, dans ses missions de recherche, l’université est alliée à d’autres institutions, dont le bon fonctionnement est aujourd’hui également menacé par les réformes.
La demande du mouvement est de conserver les moyens qui lui permettent d’assurer sa mission de recherche et en particulier :
- le maintien du régime d’exonération du précompte chercheur
- le maintien du financement des institutions de recherche fédérales (KBR, AGR, IRM, musées royaux, etc.) et de la FWB (FNRS).
« Université en colère », 20 mai 2025
1 Voir notamment Mathilde Pourtois et Henri Bogaert, « Étude comparative du financement public des universités en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne », Cahiers de recherche – Série Politique économique, no 95, 2019, en ligne : https://cutt.ly/Iv7ODrR ou Jean-Paul Lambert, « Ampleur et effets de la dégradation du financement de l’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles », Dynamiques régionales, 2021, no 11, p.11-29, en ligne : shs.cairn.info/revue-dynamiques-regionales-2021-2-page-11?lang=fr.
2 « Pourquoi il faut défendre les services publics », texte de positionnement du GT « Réformes gouvernementales », Université en colère – ULiège, 1er mai 2025, en ligne : https://drive.google.com/file/d/1dLfw9AZpbL_8YUcQdghT3TQo6CN9e-18/view?usp=sharing
3 Sur la précarité étudiante en Belgique, voir notamment : BDO & Sonecom (avril 2019), Étude sur les conditions de vie des étudiants de l’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en ligne : https://cutt.ly/2v7l2MZ. Voir aussi le sondage réalisé par la FEF en novembre 2020, Fédération des Étudiant·es Francophones, Plan de lutte contre la précarité. Rapport de consultation, 2021, en ligne : https://urls.fr/eK2JDQ.
Signer la pétition
Déjà 1788 signatures.
Quelques signataires :
- Mateo Alaluf (ULB)
- Koenraad Bogaert (UGent)
- Laurence Bouquiaux (ULiège)
- Florence Caeymaex (ULiège)
- Damien Darcis (UMons)
- Florence Degavre (UCLouvain)
- Marc Demeuse (UMons)
- Ralph De Koninck (UCLouvain)
- Vinciane Despret (ULiège)
- Patrick Du Jardin (ULiège)
- Michaël Gillon (ULiège)
- Geoffrey Grandjean (ULiège)
- Jean-Marie Klinkenberg (ULiège)
- Guy Lebeer (ULB)
- David Martens (KULeuven)
- Marco Martiniello (ULiège)
- Jacinthe Mazzocchetti (UCLouvain)
- Axelle Pintiaux (CHU Liège)
- Vinciane Pirenne-Delforge (Collège de France, ULiège)
- Antoinette Rouvroy (UNamur)
- Isabelle Stengers (ULB)
- Corinne Torrekens (ULB)